Une victoire incontestable, qui en appelle beaucoup d'autres !
C'est une immense victoire à laquelle ont assisté ce soir, vers 18h30, plusieurs centaines de personnes massées devant le piquet de grève de Faurécia. Une foule constituée de nombreux salariés, en quête des nouvelles toutes fraîches apportées par leurs camarades délégués aux négociations de l'après-midi, mais aussi d'élus et de simples quidams, venus spontanément les conforter dans un soutien indéfectible.
Victoire, le mot n'est pas trop fort quand on sait les difficultés auxquelles sont confrontés les copains grévistes d'Auchel depuis maintenant deux mois. Et les mesures d'intimidation concoctées par la Direction dès la reprise du conflit, le 23 avril, n'auront pas suffi à avoir raison de leur détermination. Au contraire, les annonces faites ce soir par Jean-Luc Petit, au nom de l'intersyndicale CGT/FO, montrent ô combien cette lutte de tous les instants a porté ses fruits, assénant un coup qui ressemble fort à un KO debout pour des dirigeants trop sûrs de leur fait. Un exemple d'opiniâtreté et d'union dans la lutte pour tous les autres sites en conflit dans le pays.
D'abord, selon ce qui n'est encore qu'une ébauche soumise à la réflexion dès demain matin, il n'y aura pas de fermeture de l'usine. Si la Direction a signalé que Volvo se désengageait du carnet de commandes de Faurécia - allant même jusqu'à en rendre les grévistes responsables - la fabrication de la 806 va se poursuivre jusqu'en 2013. Ceci ajouté aux affaires réalisées pour le compte de Toyota, la production ne devrait donc pas manquer pour assurer l'emploi de 170 personnes : 90 sur des contrats de travail directs avec Faurécia et 80 qui seront intégrées via le plan de réindustrialisation à mettre en place. En quelque sorte, la Direction annule la partie de son plan initial qui prévoyait 179 licenciements « secs ». Première victoire !
Les mesures de transferts sur les sites de Marles et Hénin subsistent, mais elles vont faire l'objet de négociations à Auchel à partir de demain matin. Comme l'a dit un gréviste, « on ne peut pas tout avoir, mais on peut encore exiger des compensations ». C'est vrai que le recul de la Direction, impensable il y a quelques jours encore, peut faire s'ouvrir d'autres portes. Les représentants du personnel seront particulièrement attentifs aux dispositions de reclassement de leurs camarades. Cela ira des primes de départ aux conditions salariales dans leur nouvel emploi, en passant par les critères d'âge, d'expérience, de formation, etc. En bref, il y a du pain sur la planche pour ceux qui vont participer aux réunions, mais l'avantage semble être, pour une fois, dans le camp du personnel. Seconde victoire !
Sur un plan pécuniaire, Faurécia restait redevable de 1 500 € auprès de chaque salarié, sur les 3 000 € négociés dans le cadre du conflit de mars. Ils seront crédités dès mercredi. Il s'est dit également ce soir qu'une prime de 5 000 € - pour préjudice moral - pourrait être versée à la suite du conflit en cours. « C'est un minimum dont on espère bien que nous saurons le faire fructifier dans les discussions » a affirmé Jean-Luc Petit. Il va de soi que le recours des dirigeants aux CRS et à une équipe de vigiles, encore narquois ce soir, ne les met pas en position de force morale vis-à-vis des grévistes. Sans compter leurs erreurs de gestion du conflit, comme par exemple les retraits des frais d'assignations répétées devant le tribunal, opérés arbitrairement sur le compte de certains salariés... et remboursés depuis. Troisième victoire !
Une joie contenue régnait donc sur le piquet de grève à l'annonce de ces bonnes nouvelles, mais il se murmurait que les choses étaient loin d'être terminées. En conséquence de quoi le mouvement a été reconduit à l'unanimité. Rendez-vous dès 9 heures, demain, pour la poursuite des négociations.
Photo réalisée par Pierre Vion